Florilège de voyageurs célèbres, de l’Antiquité au début du XXe siècle

Qui voyage et pourquoi ? Quelles traces écrites les voyageurs laissent-ils ? Ces quelques exemples témoignent de la diversité des profils de voyageurs à travers le temps, des raisons qui expliquent leur départ et des modes de restitution de leurs découvertes.

Polo, Marco. Le livre de Marco Polo... 1865.

 

Strabon : voyages et description du monde antique

Strabon. Géographie de Strabon...1805. 

L’historien et géographe grec Strabon rédige, sans doute à partir de l’an 20 avant J.-C., une Géographie dans laquelle il décrit en dix-sept livres l’ensemble du monde connu à son époque. Sa description combine le résultat de son travail de compilation et d’interprétation critique de multiples sources antérieures, dont certaines aujourd’hui disparues, avec les observations de témoins oculaires et les connaissances personnelles qu’il doit à ses nombreux voyages. C’est le cas par exemple dans le livre XVII consacré aux pays traversés par le Nil, en particulier l’Égypte, pays dans lequel il a séjourné au moins cinq ans. Sans marquer une étape dans l’histoire de l’exploration du globe, Strabon livre une œuvre importante pour l’époque du fait de son ampleur. Au début du XIXe siècle, Napoléon Bonaparte en commande une nouvelle traduction française qui sera publiée en cinq tomes entre 1805 et 1819.

 

Erik le Rouge, de l’exil à la découverte d’un continent

Ásmundarson, Valdimar. Eiríks saga rauða...
1926.

L’exil est un motif de départ récurrent dans l’histoire des explorations. C’est notamment le cas pour Erik le Rouge (ca. 950/1003 – ca. 940/1010), dont la Saga (ici l’édition de 1926) décrit le voyage vers le Groenland à la suite de son bannissement d’Islande pour meurtre, ainsi que la découverte du Vinland (dans l’actuelle région du Saint-Laurent, au Canada) par son fils Leif Eriksson. Le texte original, qui serait une recomposition à partir de textes plus anciens et dont quelques manuscrits subsistent aujourd’hui dans des bibliothèques scandinaves, aurait été écrit au XIIIe siècle par un clerc islandais. Il fait aujourd’hui partie d’un ensemble de textes constitutifs de l’identité islandaise et témoigne de la découverte du continent américain par les Vikings bien avant les rois d’Espagne à la fin du XVe siècle.

 

Marco Polo ou les voyages d’un marchand vénitien au service de l’empereur de Chine Kubilaï

Polo, Marco. Le livre de Marco Polo... 1865.

Né dans une famille de riches marchands, Marco Polo quitte Venise en 1271 avec son père et son oncle, porteurs d’une missive de Grégoire X adressée à l’empereur de Chine Kubilaï. Très vite après son arrivée à la cour du grand khan en 1275, il est chargé par celui-ci de nombreuses missions qui le font voyager pendant près de vingt ans en Chine, dans l’Asie du Sud-Est et dans l’océan Indien, mais aussi en Iran. Quelques années après son retour en Italie, en 1298, prisonnier des Gênois, il dicte ses souvenirs à un autre captif, Rustichello de Pise, auteur d’une compilation de romans arthuriens en prose. Le Devisement du monde ou Livre des merveilles n’est pas le récit de ses voyages mais une description, un inventaire, des lieux visités alors qu’il était au service de l’empereur : c’est une œuvre de première importance pour l’histoire de l’empire mongol. Le texte connaît une immense tradition manuscrite, il est traduit ou adapté dans de nombreuses langues, fait l’objet de cinq éditions incunables et de nombreuses impressions au XVIe siècle.

 

 

 

Premier tour du monde : l’expédition de Fernand de Magellan

Pigafetta, Antonio. Premier voyage auteour du
monde...
 An IX.

Les premières grandes découvertes, initiées à la toute fin du Moyen Âge, sont suivies de près par la première circumnavigation. La relation de voyage d’Antoine Pigafetta, journal de bord dont le manuscrit original est aujourd’hui perdu, est la source principale concernant ce voyage autour du monde entamé en 1519 par le navigateur portugais Fernand de Magellan pour le compte du roi d’Espagne Charles Ier, futur Charles Quint, et poursuivi à sa mort en 1521 par son second, Juan Sebastián Elcano. En découvrant le détroit de Patagonie, Magellan ouvre un chemin vers l’Asie depuis le Nouveau Monde. La carte a été gravée d’après les dessins présents dans les quatre copies du manuscrit de Pigafetta réalisées au XVIe siècle dont deux sont conservées à la Bibliothèque nationale de France.

 

Hernán Cortés, le conquistador

Première carte éditée de Tenochtitlan... 1524.

La deuxième lettre envoyée en octobre 1520 par Hernán Cortès à Charles Quint à la suite de sa découverte de l’Empire aztèque est emblématique des conditions dans lesquelles les explorateurs européens prennent possession des territoires qu’ils découvrent au XVIe siècle. Missionné par son souverain, à qui il rend ici compte de ses actes, pour agrandir son Empire de l’autre côté de l’Atlantique, le navigateur espagnol arrive près de l’actuelle Veracruz en avril 1519 après quelques années passées à Cuba récemment conquise. Il entre dans Tenochtitlan en novembre 1519 et en est chassé en juin 1520 après la mort du souverain Montezuma. En mai 1521, Cortès attaque et détruit la capitale aztèque sur les ruines de laquelle il fonde Mexico l’année suivante.

 

Première mission jésuite en Chine : Matteo Ricci et sa méthode d’évangélisation

Trigault, Nicolas. De christiana expeditione...
1615.

Appelé à fonder une mission jésuite par la Compagnie, Matteo Ricci arrive en Chine en 1583. Il y adapte une méthode d’évangélisation mise en place par le jésuite Alessandro Valignano qui consiste en une accommodation culturelle des missionnaires. Cette méthode est reprise ensuite et pour longtemps par les missions jésuites. C’est à partir de ses Mémoires que le père Nicolas Trigault publie en 1615 cette histoire de la première mission jésuite en Chine. Il y traite « des moeurs, loix et coustumes du pays, et des commencemens très difficiles de l’Eglise naissant en ce Royaume » (sous-titre de l’édition française de 1616 ; ici une édition de 1617). Ricci est par ailleurs l’auteur en 1584 d’une remarquable carte du monde en chinois qui intègre toutes les découvertes du siècle, la Kunyu Wanguo Quantu (坤輿萬國全圖) (copie de 1602, conservée à la bibliothèque de l’Université de Tohoku, Japon).

 

Humboldt, le découvreur scientifique de l’Amérique espagnole (1799-1804)

Alexander von Humboldt. Vues des Cordillères... 1816. 

Le voyage entrepris par Alexandre von Humboldt (ajouter lien vers le portrait gravé) en compagnie de son ami Aimé Bonpland dans les colonies espagnoles d’Amérique entre 1799 et 1804 ouvre la voie aux grandes expéditions scientifiques du XIXe siècle. Durant leur périple, grâce à un important matériel scientifique réuni avant leur départ, ils observent, mesurent, décrivent, classent et collectent des données et spécimens, avec pour objectif d’étudier leurs interactions. Installé à Paris à partir de 1804, Humboldt s’occupe de la publication des résultats de leurs travaux : l’édition monumentale du Voyage aux Régions équinoxiales du Nouveau Continent se compose de trente volumes en français parus de 1807 à 1834. Elle comporte des volumes de botanique mais aussi la relation historique du voyage, des atlas et des textes consacrés à l’histoire, à la géographie, à l’astronomie... Dès 1808, certains volumes font l’objet de rééditions de format plus modeste, plus maniable, sans doute moins chères. C’est le cas des Vues des Cordillères et monumens des peuples indigènes de l’Amérique, dont l’édition de 1816 ne comporte que 19 des 69 planches de l’édition in-folio de 1810.

 

L’exploration des pôles, derniers inconnus : la figure du norvégien Fridjtof Nansen

Nansen​, Fridtjof​​​​​​. The Norwegian North Polar expedition... 1900.

Formé à l’origine en zoologie, Fridjtof Nansen (portrait à numériser et lien à ajouter) part pour l’Arctique pour la première fois en 1882. Après une traversée du Groenland en 1888, il met en place l’expédition Fram. Subventionnée par le gouvernement norvégien, cette expédition a pour objectif d’atteindre le pôle Nord en utilisant la dérive de la banquise créée par le courant marin de l’océan Arctique. Les observations scientifiques menées durant le voyage et détaillées dans ce rapport ont contribué de manière significative aux progrès de l’océanographie. Nansen est un scientifique militant : nommé professeur d’océanographie à l’université de Christiania (actuelle Oslo) en 1908, il est nommé Haut-commissaire de la Société des Nations pour les réfugiés en 1921 et obtient le prix Nobel de la paix l’année suivante.

 

Pour aller plus loin

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