Au-delà du terrestre

À l’image des voyages terrestres, les voyages aériens et sous-marins suscitent recherches et découvertes scientifiques. C'est à l'exploration des airs et des fonds marins que s'est intéressé Gaston Tissandier, aérostier et vulgarisateur scientifique du XIXe siècle.

Tissandier, Gaston. Histoire de mes ascensions... 1890.

 

Filhol, Henri. La Vie au fond des mers... 1885.

Chimiste et physicien de formation, Gaston Tissandier se passionne très jeune pour l’aérostation. Il effectue son premier vol à l’âge de 25 ans. Celui-ci sera suivi de 44 autres, tous décrits dans son livre Histoire de mes ascensions, publié pour la première fois en 1877 et réédité à de multiples reprises les années suivantes. Ces vols lui permettent d’effectuer des observations et des expériences sur l’atmosphère : vérification de la loi des hauteurs barométriques, influence de l’orage sur les mouvements du ballon, observation de différents phénomènes optiques : halo, ombre portée, effet de « cirque de nuages », etc. toutes ces expériences ou observations sont illustrées par son frère, Albert Tissandier, et reproduites dans cet ouvrage.

Non content d’être lui-même un scientifique et un savant, Gaston Tissandier promeut et vulgarise les sciences grâce à l’écriture et l’édition de livres et de revues : ses œuvres sont toujours abondamment illustrées et accessibles à un large public, telles L’eau, La houille, La science pratique, Les merveilles de la photographie. En 1873, il fonde la revue La Nature, qui deviendra La Recherche presque un siècle plus tard. Il en est le rédacteur en chef durant de nombreuses années. Il dirige aussi la collection Bibliothèque de la nature chez Georges Masson.

Science et nature, n° du 8 mars 1884. 1884.

C’est dans cette collection que paraît en 1885 La vie au fond des mers, qui relate, sous la plume de Henri Filhol, les explorations sous-marines du Travailleur et du Talisman. De 1880 à 1883, à bord de ces navires, 4 campagnes de dragage sont menées sous la direction d’A. Milne Edwards, professeur d’ornithologie et de mammalogie au Muséum d’histoire naturelle, qui deviendra le directeur de cette institution en 1891. Ce sont les premières expéditions françaises à explorer les grands fonds. La variété des formes de vie subaquatiques - poissons, crustacés, mollusques, vers, échinodermes, méduses, coralliaires, éponges, protozoaires - est observée à différentes profondeurs. Les illustrations montrent non seulement les espèces récoltées, mais aussi la vie à bord des navires et les scientifiques à l’œuvre. Les quatre lithographies en couleurs qui agrémentent le volume rendent les décors vivants et réalistes.

Au retour de ces expéditions, en 1884, une exposition temporaire est organisée au Muséum d’histoire naturelle, exposition qui rencontrera un vif succès. Les foules se pressent dans l’espace étroit et les journaux et revues font une large publicité à cet événement. Tout un chacun peut admirer les spécimens rapportés, mais aussi toucher les instruments utilisés, et ainsi mieux apprivoiser la science en construction.

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